L'apprentissage des règles orthographiques est souvent repoussé à plus tard, permettant à l'enfant d'encoder des erreurs

Le français est une langue très complexe. Il est impossible de l'écrire ou de le lire correctement sans avoir de rudiments de grammaire. On ne peut lire ou écrire la célèbre phrase Les poules du couvent couvent correctement que si on sait distinguer un nom d'un verbe, d'une part, et qu'on sait conjuguer un verbe à la troisième personne du pluriel, d'autre part. 

Dans le souci de simplifier la vie des enfants et de leur donner la possibilité de s'exprimer par écrit avant de maîtriser toutes ces règles complexes, on propose souvent aux élèves d'écrire phonétiquement dans un premier temps, pour le soulager des difficultés orthographiques.

Ainsi, les enfants produisent des textes, parfois fort longs, à l'orthographe fantaisiste, souvent très difficile à déchiffrer, mais qui sont valorisés par l'enseignant pour ne pas décourager l'élève. Il arrive même que les fautes d'orthographes ne soient jamais corrigées tant que le domaine étudié n'est pas l'orthographe : ainsi, on écrit correctement durant les leçons d'étude de la langue, mais on peut écrire n'importe comment en expression écrite, en histoire, en géographie, en mathématiques... les règles de fonctionnement de la langue deviennent alors des abstractions, utiles pour réaliser des exercices mécaniques le jour de la leçon, mais qui ne sont jamais réemployées.

Plus les textes produits deviennent longs, plus il est difficile de tout corriger. Les collègues de collège me disent souvent "Il y a tellement de fautes qu'on ne sait même pas par quel bout le prendre."

Je pense que l'apprentissage dès le CP des catégories grammaticales de base (identifier un verbe, un nom, un déterminant, un adjectif qualificatif, un pronom) est indispensable pour pouvoir écrire de manière consciente. Les dictées quotidiennes, aidées et guidées, conçues non comme méthode d'évaluation mais bien comme moyen d'apprentissage, permettent à l'élève, progressivement, d'encoder le bon geste et de prendre de bonnes habitudes.

Il ne s'agit pas d'évaluer un enfant de CP sur sa capacité à mettre un verbe au pluriel. Mais si on dicte "Les chats mangent les souris.", on peut, au moment d'écrire "mangent", rappeler à voix haute qu'il s'agit d'un verbe, et rappeler la terminaison des verbes au pluriel. Ainsi, les élèves écrivent correctement du premier coup, mémorisent la bonne graphie et entendent la règle si souvent qu'ils finissent par la retenir, au bout de plusieurs dizaines de répétitions.

Plus on avance dans la scolarité, plus reprendre ce travail à zéro devient difficile !

Septième constat : en laissant les enfants écrire sans règles, on leur donne de mauvaises habitudes.

 

Épisodes précédents :

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épisode 5

épisode 6

 

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épisode 8

 

Pour aller plus loin sur la question de la dictée :

comment faire une vraie dictée utile avec des petits ? par Catherine Huby

 

Pour en savoir plus sur la rééducation de l'écriture :

association de rééducateurs en écriture indépendants

sos écriture

 

Formations pour enseignants :

formation à l'écriture pour enseignants

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